samedi 18 juin 2011

Science physique et spritualité

La difficulté est que vous êtes un non-scientifique qui essaie d’imposer ses idées au domaine le plus difficile, parce que le plus matériel, de la science – la physique.

Si vous étiez vous-même un homme de science fondant ses idées sur des faits scientifiques universellement reconnus, ou encore sur ses propres découvertes – et même là avec beaucoup de difficulté – alors seulement vous pourriez trouver une audience, ou votre opinion pourrait avoir un certain poids.

Autrement, vous vous exposez au reproche de vous prononcer dans un domaine où vous n’avez aucune autorité, tout comme l’homme de science qui déclare, sur la foi de ses découvertes, que Dieu n’existe pas. Quand l’homme de science dit que « scientifiquement parlant, Dieu est une hypothèse qui n’est plus nécessaire », il profère une absurdité notoire – car l’existence de Dieu n’est pas, ne peut pas être, n’a jamais été une hypothèse ou un problème scientifique. C'est, et cela a toujours été un problème spirituel ou métaphysique. Vous ne pouvez pas en parler scientifiquement, ni pour ni contre. Le métaphysicien ou le chercheur spirituel a le droit de faire remarquer que c’est une absurdité ; mais si vous dictez la loi à l’homme de science dans son domaine, vous courez le risque de voir la même objection retournée contre vous.

Quant à l’unité de toute connaissance, elle est in posse, ou encore in esse. La méthode mécanique de connaissance mène à certains résultats, la méthode supérieure mène à d’autres, et en de nombreux points elles sont fondamentalement en désaccord. Comment le différend peut-il être résolu car chacune semble valable dans son propre domaine ? C’est un problème à résoudre, mais vous ne pouvez pas le résoudre de la manière que vous proposez. Surtout pas dans le domaine de la physique.

En psychologie, on peut dire que l’approche mécanique ou physiologique saisit le problème par son côté aveugle et est la moins fructueuse de toutes – car la psychologie n’est pas principalement un domaine de mécanisme et de mesure, elle débouche sur de vastes espaces au-delà des instrumentations de la conscience physique. En biologie on peut saisir une lueur de quelque chose au-delà du mécanisme, car il y a là, dès le début, un tressaillement de conscience progressant et s’organisant de plus en plus pour s’exprimer. Mais en physique, vous êtes dans le domaine même de la loi mécanique où le processus est tout et où la conscience motrice a choisi de se dissimuler le plus totalement. Si bien que là, « scientifiquement parlant », elle n’existe pas. On ne peut l’y découvrir que par l’occultisme et le yoga, mais les méthodes de la science occulte et du yoga ne sont pas mesurables par les moyens de la science physique et ne peuvent pas être suivies par elle, alors l’abîme demeure. Un pont l’enjambera peut-être un jour, mais ce n’est probablement pas le physicien qui le construira, il est donc inutile de lui demander de tenter ce qui est au-delà de son domaine.

Extrait de Lettres sur le Yoga, Tome 1