mardi 18 mai 2010

L'éveil de la Conscience (article en deux parties, partie 2)

(pour une bonne compréhension, lire avant l’article précédent).

Mais tel n’est pas toujours le commencement. Le sâdhak est souvent conduit graduellement, et la distance est longue entre le premier tournant du mental et un complet assentissement de notre nature à l’entreprise vers laquelle nous nous tournons.

Tout d’abord, ce n’est peut-être qu’un vif intérêt intellectuel, une puissante attraction pour l’idée et quelque forme imparfaite de pratique. Ou peut-être y a-t-il un effort, mais il n’est pas favorisé par la nature entière ; peut-être est-ce une décision ou une orientation imposée par une influence intellectuelle ou dictée par l’affection et l’admiration personnelles pour quelqu’un qui lui-même est consacré et dévoué au Suprême. En ce cas, il se peut qu’une longue période de préparation soit nécessaire avant que la consécration irrévocable se produise, et il est des exemples où elle ne se produit pas.

Il peut y avoir un certain progrès, il peut y avoir un grand effort et même une grande purification, beaucoup d’expériences autres que les expériences centrales ou suprêmes ; mais, ou bien la vie se passera en préparation, ou bien, après avoir atteint un certain stade et n’étant pas poussé par une force dynamique suffisante, le mental s’arrêtera satisfait à la limite de l’effort dont il était capable. Il peut même y avoir un recul à une vie inférieure - ce qu’en langage yogique on appelle une chute hors la voie. Cette défaillance arrive parce qu’il y a un défaut au centre même. L’intelligence a été intéressée, le cœur a été attiré, la volonté s’est tendue dans l’effort, mais la nature entière n’a pas été faite captive du Divin. Elle a seulement acquiescé à l’intérêt, à l’attraction ou à l’entreprise. Il y a eu une tentative, peut-être même une ardente tentative, mais pas un don de soi total à un besoin impérieux de l’âme ou à un idéal indéfectible.

Pour autant même ce très imparfait yoga n’est pas perdu, car aucun effort vers le haut n’est vain.

Même s’il échoue dans le présent, même s’il n’arrive qu’à une étape préparatoire, à une réalisation préliminaire, il a cependant déterminé l’avenir de l’âme. Mais si nous désirons profiter pleinement de l’occasion que nous donne cette vie, si nous voulons vraiment répondre à l’appel que nous avons reçu et atteindre le but que nous avons entrevu au lieu d’avancer seulement de quelques pas, un don de soi intégral est essentiel.

Le secret du succès dans le yoga est de le considérer non pas comme l’un des buts à poursuivre dans la vie, mais comme le tout de la vie.

Extrait de La Synthèse des Yogas

En illustration, une photo de Laurent Zylberman