samedi 6 février 2016

Ascension : Le Silence


















Dans le Silence, dans le Silence,
Lève-toi, ô Esprit immortel.
Loin de la Roue qui tourne, brisant le cercle magique,
Monte haut, seul et libre de la mort :
Ne porte plus attention aux rumeurs
Ni aux clameurs dans les ténèbres,
Dépasse la sphère du gris et du petit,
Laissant la plainte et la lutte,
Pour toujours dans le Silence.

Vaste et immobile, sans-forme et merveilleux,
Plus haut que les Cieux, plus étendu que l’univers,
Dans une pure gloire d’être,
Dans une brillante lucidité tranquille,
En communion avec l’illimité sans-voix et l’intime,
Place ta connaissance trop haut pour la pensée
Et ta joie trop profond pour l’émotion.

Au repos dans la Lumière immuable,
Muet sur l’inexprimable vision de soi,
Esprit, passe à travers toi-même,
Ame, échappe-toi des griffes de la Nature.
O témoin, enlève de toi tout ce que tu as vu,
Tourne-toi vers l’Unique et l’Absolu, tourne-toi vers l’Eternel :
Sois seulement l’éternité, la paix et le silence,
O Unité sans-nom transcendante du monde,
Esprit immortel.

Hors du Silence, hors du Silence,
Emportant l’indicible Substance,
Emportant la splendeur et l’étendue,
Elève-toi, ô Esprit immortel.
Assignant au Temps sa signification sans-fin,
Le Bonheur se lance dans l’étreinte de l’Intemporel.
Eveillé dans le vivant Eternel, abrité sous l’aile de l’amour de l’infini,
La vie révélée par elle-même dans son état inépuisable,
Noyée dans sa joie et sa douceur,
Ton cœur tout près du coeur du Divin à jamais.

Poème de Sri Aurobindo, Pondichery, 1930/1942 ; re-traduction de Mudita.