mercredi 24 novembre 2010

Force yoguique et force spirituelle (article en plusieurs parties) - partie 1


L'univers entier, selon la Science, n'est qu'un jeu d'Energie - on l'appelait autrefois une Energie matérielle, mais on doute maintenant que la Matière, scientifiquement parlant, existe, sinon en tant que phénomène d’énergie.

L’univers entier, selon le Vedânta, est le jeu du pouvoir d’une entité spirituelle, le pouvoir d’une conscience originelle, qu’elle soit Mâyâ ou Shakti, que le résultat soit une illusion ou une réalité.

Dans le monde, et dans la mesure où il s’agit de l’homme, nous ne sommes conscients que de l’énergie mentale, de l’énergie de vie, de l’énergie dans la matière ; mais on suppose qu’il y a aussi une énergie ou une force spirituelle derrière elles d’où elles tirent leur origine. Dans les deux cas, toutes choses résultent d’une Shakti, énergie ou force. Il n’y a pas d’action sans une Force ou une Energie accomplissant l’action et amenant sa conséquence.

En outre, ce qui n’a pas de force en soi est ou quelque chose de mort, ou quelque chose d’irréel, ou quelque chose d’inerte et qui n’a pas de conséquence. Si la conscience spirituelle n’existe pas, le yoga ne peut pas avoir de réalité, et s’il n’y a pas de force yoguique, de force spirituelle, de yoga-shakti, alors le yoga ne peut avoir aucune efficacité.

Une conscience de yoga ou une conscience spirituelle qui ne contient pas de pouvoir ou de force peut ne pas être morte ou irréelle, mais c’est évidemment quelque chose d’inerte, sans effet ni conséquence. De même, un homme qui s’embarque pour devenir un yogi ou un gourou et qui n’a pas de conscience spirituelle, ou pas de pouvoir dans sa conscience spirituelle (force yoguique ou force spirituelle) proclame une contre vérité et est soit un charlatan, soit un imbécile qui se leurre lui-même ; ou plus encore si, n’ayant pas de force spirituelle, il prétend avoir ouvert une voie que d’autres peuvent suivre.

Si le yoga est une réalité, si la spiritualité est un peu plus qu’une illusion, il doit exister une force yoguique ou une force spirituelle.

Extrait de Lettres sur le Yoga, tome 1

lundi 22 novembre 2010

Force yoguique et force spirituelle (article en plusieurs parties) - partie 2

Il est évident que si la force spirituelle existe, elle doit être capable de produire des résultats spirituels. S’il est vrai que la force spirituelle est la force originelle et que les autres en dérivent, alors il n’y a rien d’irrationnel à supposer que cette force spirituelle peut produire des résultats mentaux, vitaux, physiques. Elle peut agir à travers les énergies mentales, vitales ou physiques et par les moyens qu’utilisent ces énergies, ou elle peut agir directement sur le mental, la vie ou la Matière choisis comme domaines de son action propre, spéciale et immédiate. Les deux modes d’action sont à première vue possibles.

Prenons le cas de la guérison d’une maladie ; quelqu’un est malade pendant deux jours, faible, éprouvant des douleurs et de la fièvre ; il ne prend pas de médicaments, mais finalement demande à son guru de le guérir ; le lendemain matin, il se lève en bonne santé, plein de force et d’énergie. Il a au moins quelque justification à penser qu’une force a été utilisée sur lui et placée en lui, et que c’est un pouvoir spirituel qui a agi là.

Mais dans un autre cas, on peut utiliser des médicaments tout en faisant appel à cette même force invisible pour aider les moyens matériels - car il est bien connu que les médicaments agissent ou n’agissent pas - il n’y a aucune certitude. Là, pour la raison d’un observateur extérieur (quelqu’un qui ne serait ni l’utilisateur de la force, ni le médecin, ni le malade), il demeure incertain que le patient ait été guéri par les médicaments seuls ou par la force spirituelle utilisant ces médicaments comme instruments. Les deux sont possibles, et on ne peut pas dire que, parce que des médicaments ont été utilisés, l’œuvre de la force spirituelle est en soi incroyable et que sa fausseté peut être démontrée.

D’autre part, il est possible que le médecin lui-même ait senti une force travailler en lui et le guider, ou il peut voir la santé du patient s’améliorer avec une rapidité qui, selon la science médicale, n'est pas concevable. Le malade de son coté peut très bien sentir la force qui travaille en lui, apporter la santé, l’énergie, la guérison rapide et l’utilisateur de la force observer les résultats, voir diminuer les symptômes sur lesquels il travaille, augmenter ceux sur lesquels il n’a pas travaillé jusqu’à ce qu’il travaille sur eux et les voie immédiatement diminuer, le docteur travaillant sur des suggestions non formulées, etc. jusqu’à ce que la guérison soit effective. Il peut aussi voir les forces travailler contre la guérison et conclure que la force spirituelle doit se contenter de se retirer ou de ne réussir qu’imparfaitement. Dans tout cela le médecin, le patient, ou l’utilisateur de la force peuvent légitimement croire que la guérison est au moins partiellement ou même fondamentalement due à la force spirituelle. Leur expérience est évidemment valable pour eux seuls, et non pour l’observateur extérieur qui raisonne. Car celui-ci n’est pas logiquement qualifié pour dire que leur expérience n’est pas croyable et nécessairement fausse.

Extrait de Lettres sur le Yoga, tome 1

samedi 20 novembre 2010

Force yoguique et force spirituelle (article en plusieurs parties) - partie 3


Il ne s'ensuit pas qu'une force spirituelle doive réussir dans tous les cas, ou, si elle ne réussit pas, que cela ne prouve pas son existence. On ne peut dire cela d'aucune force. Par exemple : la force du feu est de brûler, mais il y a des choses que le feu ne brûle pas, et dans certaines circonstances il ne brûle même pas l'homme qui marche pieds nus sur des charbons rougis. Cela ne prouve pas que le feu ne peut pas brûler, ou même qu'il n'existe pas de force du feu, Agni Shakti.

Mon propos n'est pas de démontrer qu'il faut croire à la force spirituelle, mais que cette croyance n'est pas nécessairement une illusion et qu'elle peut être non seulement possible, mais aussi rationnelle.
La force invisible produisant des résultats tangibles, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, est le sens même de la conscience yoguique.
Si nous n'avions pas eu des milliers d'expériences démontrant que le Pouvoir au-dedans peut changer le mental, développer ses pouvoirs, en ajouter d'autres, introduire de nouveaux ordres de connaissance, maîtriser les mouvements vitaux, transformer le caractère, influencer les hommes et les choses, contrôler l'état et le fonctionnement du corps, travailler comme une Force dynamique concrète sur d'autres forces, modifier les événements, etc. nous n'en parlerions pas de cette façon.

De plus, ce n'est pas seulement dans ses résultats, mais aussi dans ses mouvements que la force est tangible et concrète. Quand je parle de ressentir la Force ou le Pouvoir, je n'entends pas simplement en avoir un vague sentiment, mais de sentir concrètement et par conséquent être capable de diriger, de manipuler, d'observer son mouvement, d'être conscient de sa masse et de son intensité, et de la même manière que dans le cas d'autres forces, plus physiques ; tout cela est possible et habituel par le développement du yoga.

Néanmoins, sauf s'il s'agit de la Force supramentale, ce Pouvoir n'agit pas sans conditions ni limites. Les conditions et les limites dans lesquelles le yoga ou la sâdhanâ doit s'effectuer ne sont ni arbitraires ni capricieuses ; elles naissent de la nature des choses. La force yoguique doit tenir compte de ces conditions et de ces limites, qui englobent la volonté, la réceptivité, l'assentiment, l'ouverture de soi et la concentration du sâdhak, jusqu'à ce qu'elle reçoive une sanction du Suprême qui lui permette d'outrepasser tout et d'accomplir quelque chose ; mais cette sanction est donnée avec parcimonie. Si le Pouvoir supramental descendait tout entier, sans se contenter d'envoyer ses influences à travers le surmental, alors seulement les choses pourraient être très radicalement dirigées vers cet objectif - et la sanction ne serait pas rare. Car la Loi de la Vérité serait à l'oeuvre, et non constamment contre-balancée par la loi de l'Ignorance.
Extrait de Lettres sur le Yoga, tome 1

jeudi 18 novembre 2010

Force yoguique et force spirituelle (article en plusieurs parties) - partie 4

La force yoguique est toujours tangible et concrète, et a des résultats tangibles. Mais elle est invisible - elle n'est pas comme un coup qu'on porte ou l'élan d'une automobile qui renverse quelqu'un, et que les sens physiques peuvent immédiatement percevoir.

Comment le mental purement physique peut-il savoir que les résultats étaient ceux de la force yoguique et non d'autre chose ? Par ses résultats ?

De deux choses l'une. Ou il doit permettre à la conscience d'aller au-dedans et de percevoir les choses intérieures, de croire en l'expérience de l'invisible et du supraphysique, et ensuite par l'expérience, par l'ouverture de nouvelles capacités, il devient conscient de ces forces et peut voir, suivre et utiliser leurs opérations, tout comme l'homme de science utilise les forces cachées de la Nature.

Ou bien il faut avoir la foi et observer, s'ouvrir, puis le mental commencera à voir comment les choses se produisent, il notera que quand la Force a été appelée, un résultat a commencé, après un certain temps, à se produire, puis des répétitions, de plus en plus de répétitions, des résultats plus clairs et tangibles, une fréquence croissante, une cohérence croissante des résultats, un sentiment et une conscience de la Force au travail - jusqu'à ce que l'expérience devienne quotidienne, régulière, normale, complète.

Ce sont les deux principales méthodes, l'une intérieure procédant de l'intérieur vers l'extérieur, l'autre extérieure, procédant du dehors et appelant la force intérieure à sortir jusqu'à ce qu'elle pénètre et soit visible dans la conscience extérieure. Mais aucune ne peut être appliquée si on persiste dans l'attitude extravertie, si on insiste sur le concret extérieur seul, et que l'on refuse de le joindre au concret intérieur, ou si le mental physique à chaque pas entame une ronde de doutes qui refuse de laisser l'expérience naissante se développer. Même un scientifique pratiquant une expérience nouvelle ne réussirait jamais s'il permettait à son mental de se conduire de cette façon.

Extrait de Lettres sur le Yoga, tome 1

mercredi 17 novembre 2010

Force yoguique et force spirituelle (article en plusieurs parties) - partie 5


La force spirituelle a son propre caractère concret ; elle peut prendre une forme (comme le fait un cours d'eau, par exemple) dont on est conscient et qu'on peut envoyer très concrètement sur n'importe quel objet choisi.

Il s'agit là d'un fait concernant le pouvoir inhérent à la conscience spirituelle. Mais il existe aussi un usage volontaire de n'importe quelle force subtile - elle peut être spirituelle, mentale ou vitale - ceci afin d’obtenir un résultat particulier sur un point de l'univers.

Tout comme il y a des ondes de forces physiques invisibles - les ondes cosmo-telluriques, par exemple, ou les courants d'électricité, il y a des ondes mentales, des courants de pensée, des ondes d'émotion, de colère, de chagrin, qui affectent les autres sans qu'ils sachent d'où elles viennent ni même si elles viennent, il n'en sentent que le résultat.

Celui dont les sens occultes ou intérieurs sont éveillés peut les sentir qui viennent et l'envahissent. Les influences, bonnes ou mauvaises, peuvent se propager de cette manière ; cela peut arriver sans intention et naturellement, mais on peut aussi en faire un usage délibéré. Il peut aussi y avoir une génération de force, spirituelle ou autre, dans un but précis. Il peut également y avoir l'usage d'une volonté ou d'une idée efficace agissant directement, sans l'aide d'une action extérieure, parole ou autre, usage qui n'est pas concret dans ce sens, mais qui est tout de même efficace.

Toutes ces choses ne sont ni des imaginations, ni des illusions, ni des fariboles, mais ce sont des phénomènes véritables.

Extrait de Lettres sur le Yoga, tome 1